SEXO : entrevue avec Sophie Bédard
Chaque numéro de PLANCHES regroupe des chroniques thématiques. Le concept est simple : nous avons demandé à des auteurs de bande dessinée de s’exprimer – toujours par le dessin – sur des sujets précis. En date du numéro 02, nous en avons 6, soit Politique, Histoire du Québec, histoires de l’Art, Science, Bouffe et Sexologie. Nous avons réalisé une série d’entrevues avec ces auteurs afin de vous permettre d’en apprendre un peu plus sur le rapport qu’ils entretiennent avec leur sujet. Ci-après, une entrevue SEXO avec Sophie Bédard.
Peu de nos lecteurs savent que tu as commencé un bac en sexologie – c’est d’ailleurs pour ça qu’on t’as confiée cette chronique. Peux-tu nous jaser de ce qui a mené à cet intérêt pédagogique pour le sexe ? Qu’est-ce que t’espères faire avec toutes ces belles connaissances et réflexions après ?
Je me suis inscrite à ce programme sur un coup de tête. Je voulais retourner aux études, et la sexologie me semblait être la seule option. C’est devenu parfaitement logique le jour ou, trente minutes après qu’on se soit rencontrés (c’était pas une date), un parfait inconnu s’est mis à me parler de sa sexualité. C’était pas creepy, c’était super sain et il me racontait des choses intimes avec beaucoup d’humilité.
La sexualité me fascine : elle a autant de facettes qu’il y a de gens. J’apprends quelque chose à chaque fois que j’en parle avec une nouvelle personne. C’est un sujet qui peut être intimidant à aborder. C’est facile de faire des jokes de cul; ça l’est moins de parler du fait que t’es juste capable de jouir dans telle position, que t’es complexé sur la taille de ton pénis, ou que t’aime pas ça tant que ça, faire l’amour. Tout le monde a ses insécurités; c’est super soulageant d’en parler et de se rendre compte qu’on est pas tout seul.
D’où vient ton inspiration pour le choix des sujets de tes chroniques ? Fais-tu pas mal de recherches ou utilises-tu plutôt ton vécu et tes connaissances et expériences personnelles ?
Je fais beaucoup de recherche. Par exemple, pour la chronique sur Havelock Ellis, après des heures de recherche sur internet, j’ai fini par m’acheter son autobiographie, introuvable en bibliothèque. C’était la seule façon de valider certaines informations. Puis, quelques mois après avoir terminé ma BD, j’ai eu un cours sur lui.
C’est clair que certaines des chroniques que je prévois faire vont être un peu plus subjectives, mais je veux m’assurer que mes opinions s’appuient sur des données réelles, et non pas uniquement sur des croyances ou mon expérience personnelle. J’essaie d’aborder des sujets qui me semblent intéressants, instructifs, et surtout qui peuvent être introduits de façon satisfaisante en deux pages de bande dessinée. Et c’est cool, parce que maintenant, j’ai accès à des bases de données universitaires. Yé !
Illustrations tirées de la Chronique SEXO de Sophie Bédard
dans PLANCHES 01 (Automne 2014) et 02 (Hiver 2015)
On le sait, la relation au sexe dans la société québécoise et dans les médias est souvent très ambiguë; espère-tu contribuer à long terme à changer ça ? Ou du moins influencer subtilement la réflexion des jeunes générations à mieux vivre leur sexualité ?
Je ne sais pas exactement de quoi va avoir l’air ma carrière en sexologie (si j’en ai une, tsé, on sait jamais). C’est encore dans un bon bout. Mais c’est sûr que si j’arrive à rendre des gens plus curieux, plus ouverts et plus joueurs, ça va faire mon bonheur. J’ai envie de faire de la recherche. J’ai envie d’écrire des livres. J’ai envie de répondre aux questions que j’avais quand j’étais ado, aux questions que j’ai présentement, et aux questions que je vais avoir en vieillissant. Pis c’est sûr que mon outil de prédilection, ça va être la bande dessinée.
Mais pour l’instant, il faut que j’apprenne. Pis maudit qu’il y en a des choses à apprendre ! C’est hot.