Novembre 2016
À peine revenue de St-Malo fin octobre, que j’enchainais avec 7h de route pour me rendre à Belfaux, dans le comté de Fribourg en Suisse. Je suis partie en covoiturage avec la même auteure que pour aller à St-Malo, par une magnifique et froide journée. À l’arrière, les heures sont passées rapidement pour moi, car j’étais fascinée par les paysages qui défilaient devant moi, me racontant toutes sortes d’histoires. Nous sommes notamment passés sur les lieux de la célèbre bataille d’Alésia. Et puis quand nous avons traversé le Jura, de plus en plus vallonné, les maisons ont commencé à changer de forme, révélant toute le charme de la ruralité. Les vallons se sont changés en montagnes, et nous arrivions en Suisse. Quelques châteaux sur des hauteurs splendides nous surplombaient avec la majesté des pierres qui ont eu beaucoup de patience. Au détour de virages à vous arracher votre jambon-beurre, nous avons passé la frontière, une simple ligne au sol. Il parait que c’est parfois plus ard
u que d’autres et qu’il faut bien marquer l’arrêt avant la ligne, car les Suisses n’aiment pas l’à-peu-près.
C’était la première fois que j’allais en Suisse. J’ai été émerveillée de passer de paysages d’automne féériques (mais loin des rougeurs chaudes qu’on retrouve au Québec) à des vallons enneigés au retour. Il faut croire qu’entre-temps, l’hiver était arrivé !
Plusieurs centaines de kilomètres plus tard, nous entrons dans un petit village fort mignon, entourés de petites collines et de vaches dans des près bien verts. La voiture s’arrête, j’ouvre la porte et je descends, ahurie, pour respirer à plein poumons le délicieux air de la campagne, qui semble pur derrière ses relents de… eh bien de merde de vache, disons-le. Ce qui me fait sourire à pleines dents. Le soir ne tardera pas à tomber, il reste à installer la table et on pourra aller prendre l’apéro.
Quand nous débarquons dans le hall, apparemment tout le monde se connait, donc tout le monde me colle la bise avec des grands sourires et des rires chauds, je ne sais pas qui est qui, ils ne me connaissent pas mais c’est pas grave. Note : 2 bises en Suisse, alors que c’est 3 ou 4 à Paris, 3 dans le Sud, pas toujours facile de se réhabituer à chaque fois.
Je finis par monter ma table, et me diriger vers « la cantine ». Là encore, je souris à pleine dents : la déco avec balle de foin, la piste de danse qui promet, un grand comptoir pour commander des moules frites, deux bars et au fond, la « salle VIP » où je suis conviée pour boire et manger à l’œil. Je ne fais pas ma difficile, même si je suis un peu étourdie et que si tout le monde à l’air d’avoir déjà retenu mon prénom, moi j’ai rien retenu, mais je souris, pour m’excuser au pire, et au mieux, pour avoir l’air sympathique.
La moitié de mes repas étaient fournis, ce qui était fort appréciable, surtout que le samedi, nous avons eu une fondue au fromage délicieuse qui n’a pas manqué de m’assommer après ma deuxième journée. Le vendredi soir était un genre de nocturne, je ne crois pas avoir fait de vente. Le samedi et dimanche, l’affluence m’a surprise. J’ai senti l’excitation des familles qui se rendent à un des rares évènements culturels de l’année. Mais pour la revue, c’était pas formidable. La majorité des gens venaient voir les auteurs en dédicace, et j’ai trouvé peu de curieux à qui raconter mes salades. Somme toute, quelques personnes intéressées par l’abonnement et au final, assez de ventes pour ne pas me déprimer. Cela dit, cette fois je n’avais aucun frais. Le festival m’offrait la table, m’a arrangé un covoiturage et m’a trouvé une bénévole pour m’héberger. Je salue par l’occasion Gaby qui m’a fort bien accueillie. C’était à 60 secondes top chrono du festival, ce qui était très pratique. Bref, tout ça pour dire, qu’avec presque tous mes repas d’offert, je ne déboursais pas beaucoup pour venir. Ça enlève une grande pression quand même !
Donc avec peu de vente, c’est finalement le premier festival où j’ai fait quelques bénéfices. Je ne sais pas à quel point je reviendrai dans deux ans (car c’est tous les deux ans) cela dit, car c’est loin et ça prend pas mal de temps et d’énergie, malgré le côté très sympathique de l’organisation. Il faut dire que je me suis fait des amis ! Les éditions Mosquito notamment, mes voisins de tables que j’ai retrouvé en face de moi à Colomiers ! Ils ont un parcours très intéressant, des auteurs très différents et pas des moindres. Leur éditeur, Michel, m’a donné pas mal de conseils, qui peuvent se résumer à : « Patience et ténacité ! » (pour gagner le public) et à « T’emmerde pas avec les relous ! ». J’ai découvert pas mal d’auteurs que je ne connaissais pas du tout. Et faut dire que c’était quand même marrant de parler en Francs ! Et puis on m’a invité dans deux festivals en France pour l’année prochaine, tous frais payés… Ok alors !
Au retour, en se trompant de route, j’ai pu apercevoir le majestueux lac Léman, avec un magnifique soleil se reflétant dedans, la base automnale des montagnes et le bout en hiver, c’était magique !
De retour à Paris, j’avais une semaine avant de repartir une nouvelle fois, pour Colomiers à côté de Toulouse. Pendant ce temps, c’était Expozine à Montréal. Ça m’a fait drôle de ne pas y être pour la première fois depuis trois ans. Julia était très contente du succès de la revue, alors je ne me plaindrais pas trop ! Dans ce laps de temps, j’ai rappelé nos libraires parisiens pour faire le point, facturer les exemplaires vendus, mettre à jour les inventaires, puis se déplacer pour récupérer des exemplaires, en confier d’autres, encaisser les ventes et baver sur leurs rayons. J’ai aussi reçu la livraison de la part du tirage du numéro 09 pour l’Europe.
Le temps de faire un peu de compta, mettre à jour les inventaires et les différents documents de suivis pour rentrer les frais et ventes suites aux festivals et c’était déjà le temps de faire ma valise pour Toulouse.
Aaaaah Colomiers. Aaaaaah la la ! Mon cœur s’emplit encore de joie au souvenir de Colomiers, pour toutes sortes de raisons. Déjà, plusieurs auteurs Québécois étaient invités à l’occasion de leur « spécial Québec », il n’en fallait pas plus pour faire faire de petits bonds de joie à mon petit cœur. Il faut dire qu’après l’accent parisien, Belge, Suisse (Fribourgeois, pardon), toulousain et d’autres, mes oreilles étaient perdues et ça m’a fait du bien de réentendre des Québécois.
J’étais par ailleurs hébergée sur Toulouse par un ami de longue date, et ça, ça fait toujours plaisir ! Surtout que comme mes amis ont bon goût, il m’a emmené dans des bars à bière fort recommandables. Parce que quand on vient du Québec, on devient exigeant en terme de bière. Il y a aussi maintenant notre graphiste attitrée, Charlotte, qui habite Toulouse et est venue m’aider à tenir le stand pendant la fin de semaine (et m’a amené des Chocobons !! Je choisis vraiment bien mes collègues, moi ;P !). Et puis Toulouse est vraiment une belle ville.
Ça, c’est sans compter le festival en tant que tel. Disons le tout de suite, j’ai battu mon record (faible, certes) de ventes dans un festival en Europe (mis à part la Fête de la BD à Bruxelles, mais ça, ça compte pas). Déjà ça, ça revigore. Ensuite, le public était curieux ! Oui, oui, je vous jure ! Des vrais gens, vraiment intéressés, qui s’arrêtent pour regarder, qui posent des questions, qui écoutent ce que j’ai à dire, bref, un public attentif et ouvert aux découvertes. Normal, me direz-vous, mais compte tenu des festivals que j’ai fait en Europe jusque là, pas tellement, non.
Alors ça m’a repompé le moral au max. Beaucoup de gens étaient vraiment intéressés et comptaient bien s’abonner. À noter quand même, un homme qu’on peut qualifier de fougueux, je crois, qui a eu un grand coup de cœur et est repartit avec tous les numéros.
Avec les exemplaires que j’ai donné à certains de nos auteurs et autres personnes stratégiques, j’ai cru repartir avec peu de livres, pour une fois ! Jusqu’à ce que je prenne 10 min pour me promener et découvrir les autres exposants. Une grande diversité dans « l’indé », de la qualité, pleine de découvertes, je me suis emballée et je me suis retrouvé avec autant de poids dans ma valise qu’à l’aller. Damned. C’était aussi très enjouant de connaître (ou d’apprendre à connaître) un peu quelques éditeurs, j’avais moins l’impression d’être une nouvelle étrangère : Fidèle, Mosquito, Misma, Ion, Sarbacane, L’Agrume, The Hoochie Coochie, 2024, Ici, même, et bien sûr Bien, Monsieur., une revue de bande dessinée sur des faits de société, imprimée en Riso, créées par deux femmes fort sympathiques avec qui j’ai partagé la table. Ça m’a permis de participer, car les inscriptions étaient complètes depuis longtemps quand j’ai appris l’existence de ce chouettissime festival. Entre l’aide de Charlotte, d’Elsa et Juliette, j’ai pu, pour une fois, aller aux toilettes quand j’en avais envie, prendre le temps de manger et quasiment d’aller voir les expo (Je suis arrivée trop tard ;)).
Pour ajouter du sympa au sympathique, le festival fournissait tous les repas et même des tickets de bus pour aller à Toulouse (comme je n’étais pas à l’hotel comme les autres, il fallait faire des aller-retour), ce qui est toujours salutaire. Ils avaient organisé une soirée karaoké qui n’a pas vraiment pris, pour parler sobrement, et une soirée sur Toulouse le samedi soir.
Mais tout ça, c’est RIEN, LE truc qui fera fondre mon cœur d’amour et de reconnaissance pour toute ma vie, c’est la distribution systématique et illimitée de café et de madeleine sur un petit chariot avec une bénévole toute mimi, juste pour les exposants ! Non mais ça, c’est magique ! Quand vous passez trois jours de 10h à 19h debout derrière votre table à répéter les mêmes histoires pour tenter de convaincre trois perdus de débourser des sous, avec les spots dans la face et le brouhaha permanent propre à tout espace rassemblant plein de gens, qui fait qu’on parle plus fort et qu’on a très vite une voix de rockeuse des lendemains de veille, un gros mal de tête et que surtout on est épuisé. Donc le café (et les madeleines, en option), oui, c’est E-SSEN-TIEL.
L’année prochaine, je serais la première inscrite en tant qu’exposante !
Pendant ce temps, à Montréal, c’était le Salon du livre. Les revues étaient présentes sous l’enseigne de notre distributeur, La Boite de Diffusion.
De retour, une nouvelle fois à Paris et proprement épuisée, mais le moral au plus haut, je me suis attelée à penser, organiser, concevoir du matériel promo, du visuel et d’autres trucs pour maximiser notre impact lors du festival d’Angoulême, fin janvier 2017.
J’avais récupéré des noms et diverses infos utiles pour savoir où regarder pour faire faire par exemple des grandes bâches pour afficher en grand. Ça sert à ça aussi, les festivals, échanger des infos avec les autres éditeurs. C’est d’ailleurs vraiment à cause de ça que j’ai commencé à m’activer pour préparer Angoulême, tout le monde m’a dit que c’était tellement la folie, alors même si je ne sais pas à quel succès je peux m’attendre pour la revue, je compte bien laisser ma trace.
Pour finir, le dernier jour de novembre, nous avons fait notre première réunion éditoriale pour la production du numéro 10, qui paraîtra en avril, lors du festival de BD de Québec ! C’est toujours un plaisir de voir les belles faces de mes collègues toujours pro et de bonne humeur sur Skype ! Tellement de bonne humeur qu’ils nous on mis au défi de porter les plus étranges chapeaux à la réunion de la semaine d’après. Hum, hum. Je vous promets des photos 😉
Voilà une partie de ce qu’il se passe chez PLANCHES. On se retrouve le mois prochain pour de nouvelles aventures !
Entre temps, passez de belles fêtes, mangez plein de gâteaux et soyez heureux !
- Sandra – Directrice générale de PLANCHES
2 thoughts on “Novembre 2016”
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merci pour ce resumé. plein de courage pour la suite et plein de ventes !
Merci à toi pour ton soutien inconditionnel, et bonnes fêtes de fin d’année ! 😀